Speedy Wash #7: Stephanie Kiwitt & Tina Schulz

Description
Revolving Door
par Stephanie Kiwitt & Tina Schulz

Les espaces pleins à craquer, comme les lieux vides et inhabités ont une caractéristique commune: dès qu’on les pénètre, ils donnent une impression d’absence. Ils génèrent une espèce de vide, de sorte que le spectateur ou le visiteur se sent comme un hôte indésiré, voire invisible. Certaines  formes architecturales peuvent produire ce genre d’impression. Par exemple les architectures abandonnées, peu ou mal utilisées, mais aussi les lieux où transitent des capitaux et des marchandises. Et, aussi différents qu’ils puissent sembler être, ces espaces ont en commun la proximité avec le chaos. Revolving Door, le tout premier projet commun de Tina Schulz et de Stephanie Kiwitt évoque ce type d’espaces; il les effleure en passant et les laisse ensuite à nouveau.

Stephanie Kiwitt construit son espace pictural, ou espace-image, avec plusieurs vues d’intérieurs de supermarchés et de centres commerciaux. Elles condense les indications, les affiches et les éléments architecturaux utilitaires pour en faire un intérieur hyper-réaliste, qui ne confère pourtant pas de place stable, ni au spectateur, ni aux personnes potentiellement présentes dans l’image. Marchandises, affiches, banières et autres mediums publicitaires rivalisent pour capter l’attention, et, en même temps, perdent dans ce combat constant pour la survie (à peine un regard, et voilà leur date de validité dépassée, leurs couleurs pâlies), l’insignifiance de leur matérialité exposée. Il règne dans ces images  un sentiment diffus d’oppressement, et il émerge cependant une sensation de vide: il n’y a plus personne, là. L’abondance est comme impregnée par l’absence. On se sent traversé par cet espace, plus par le sillage d’un mouvement indéfini que par son propre élan.

L’espace installé par Tina Schulz touche aux mêmes thèmes autour de l’absence et la présence. Elle présente des bandes de papier qu’elle a traité, tantôt graphiquement, tantôt de façon picturale, avec de la craie rouge, des pigments, du graphite. “Traitement” doit être compris ici dans le sens le plus simple du mot, puisque ces bandes portent des traces manuelles, qui rendent lisible le processus de création, et vu qu’elles n’illustrent rien d’autre que les traces banales nées d’un contact direct avec le matériau.  Les résultats de cette recherche ne sont pas exposés en tant qu’images, mais comme des objets dans l’espace.