Expats / Clandestines

À propos de cette exposition
Avec Saâdane Afif, Francis Alÿs, Nairy Baghramian, André Cadere, Gabriel Kuri, Moshekwa Langa et Chen Zhen
L’exposition d’ouverture jette un regard nouveau sur un phénomène qui s’est fortement banalisé ces dernières décennies : le nomadisme culturel, le métissage et les déplacements. Ces notions sont examinées dans une perspective esthétique à travers les œuvres et les idées de sept artistes renommés, associées à un questionnement sur la réalité socio-économique quotidienne de la migration en tant que phénomène spécifique et mondial.
Le titre Expats & Clandestines est donc métaphorique : il ne s’agit pas d’une exposition informative ou documentaire, avec des témoignages sur la dure réalité des flux migratoires mondiaux.

Expats/clandestines comprend des œuvres d’individus qui, soit ont fait le choix conscient d’aller construire leur existence « ailleurs » (Andre Cadere, Francis Alÿs, Gabriel Kuri ou Moshekwa Langa) ; soit, pour des raisons biographiques ou politiques vivent dans un environnement nouveau, « étranger » ou dans un « asile intérieur (Saâdane Afif, Nairy Baghramian, Chen Zhen). Wiels ne les a pas choisis en fonction de leurs origines, mais pour la subtilité et la précision avec lesquelles ils font dialoguer et se confronter dans leur œuvre des « identités composites » esthétiques, culturelles et subjectives pour former une « identité transnationale » nouvelle. Dans le contexte des migrations mondiales, la nonchalance et la fébrilité, l’instabilité et la permanence, l’étranger et le familier, l’origine et l’appartenance, l’exotique et l’habituel, sont les notions esthétiques qui nous permettent de voir dans l’expérience ambiguë et contradictoire des migrations un défi culturel permanent.
 
Des identités multiples se créent par-delà et malgré les frontières nationales et les lignes de démarcation réelles ou imaginaires. À Bruxelles, comme dans d’autres métropoles, l’afflux d’expatriés est un phénomène largement médiatisé et débattu. Paradoxalement, leur présence est peu visible et  presque toujours examinée d’un point de vue purement économique. L’expatrié est vu comme un facteur et un corollaire du processus économique de mondialisation et comme la cause de la hausse du coût de la vie pour tous les autres citadins. Par ailleurs, on débat presque chaque jour de diverses formes, éminemment visibles, elles, de migration semi-légale et clandestine au niveau politique national et européen. La forte visibilité des deux catégories de migrants, et les controverses qu’elles suscitent dans le débat public constituent un énorme défi pour Bruxelles, tant en ce qui concerne la répartition traditionnelle en deux groupes linguistiques qu’en ce qui touche au dialogue interculturel entre les communautés, leur représentation démocratique et les majorités et minorités démographiques.

À partir de la dualité flagrante qui caractérise la perception et la représentation culturelle par l’autochtone de l’expatrié et du clandestin, ce projet jette un regard, par-delà les lignes de fracture entre les communautés, sur le phénomène des biographies complexes et du mélange culturel extrême dans les métropoles. Au-delà de la visibilité et de l’anonymat, des présences et des absences, il cherche à saisir les signes, les formes et l’économie des différences individuelles et collectives.

Une publication et un programme explicatif accompagnent l’exposition.