À propos de cet événement
Dans son essai « The Language of the New Media », le théoricien Lev Manovich revient sur la parenté qui lie le métier à tisser de Joseph Marie Jacquard et la machine analytique de Charles Babbage. Citant Ada Lovelace pour qui « la machine analytique tisse des motifs algébriques tout comme le métier Jacquard tisse des fleurs et des feuilles », il souligne qu’une machine programmable synthétisait des images bien avant d’être utilisée pour traiter des chiffres. Pour Manovich, le développement des médias modernes et celui des ordinateurs, qui suivent longtemps des trajectoires parallèles avant de se rejoindre dans les « nouveaux médias », sont les deux phénomènes qui ont rendu possible l’avènement de nos sociétés de masse. Ainsi la reproduction et la diffusion à l’infini d’images (et des concepts qu’elles véhiculent) est-elle indissociable de la production à la chaîne de biens de consommation, ce qu’illustrent parfaitement les œuvres de Thomas Bayrle. Souvent associé au Pop Art, il entretient avec ce mouvement un rapport ambigu : Warhol singeait la production industrielle (la Factory) pour réaliser des œuvres marquées du sceau de l’unicité artistique, tandis que Bayrle dissimule son geste derrière des images qui semblent avoir été produites par un ordinateur. Ce n’est pas le moindre des paradoxes pour cet artiste travaillant avec des procédés quasi artisanaux, se tenant à l’écart du flux numérique de la société consumériste, tout en illustrant parfaitement ses excès et ses dérives.
Après des études en histoire de l’art, Pierre-Yves Desaive complète une licence en informatique appliquée aux Sciences humaines : c’est ce qui l’amène à s’intéresser à la transposition de l’œuvre d’art dans le monde virtuel. Aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, il crée le service du Musée numérique, en charge des projets de recherche liés à la numérisation des collections et à leur accès en ligne. Critique d’art (président de l’AICA Belgique de 2009 à 2012), il publie régulièrement dans la presse spécialisée nationale et internationale (correspondant pour Flash Art International en Belgique). Professeur à l’ENSAV-La Cambre, membre de la Commission des Arts numériques de la FWB, il s’intéresse particulièrement à la manière dont les artistes détournent les technologies numériques de transfert de l’information et de la communication à des fins critiques. Il n’a pas de compte Facebook, ni de Twitter.
19h - en français
5€
Réservation : welcome@wiels.org